Taux de sexisme : 100%

Certes quand on s’appelle « 60 millions de consommateurs » on ne s’attend pas à lire un magazine féministe. Mais de là à être aussi stéréotypé…
(Dommage car une enquête sur la toxicité des produits cosmétiques est toujours nécessaire.)

Pourquoi c’est sexiste ?

Uniquement des femmes pour illustrer le secteur des produits de beauté
Les images qui illustrent les articles présentent uniquement des femmes. Très esthétisées et lumineuses, elles sont issues de banques de photographies, ce monde fantasmé d’une société sans défaut.  A l’exception peut-être d’une ou deux photographie ou un homme blond au sourire éclatant est perdu dans un groupe plutôt féminin. On notera la caution « diversité » avec la présence d’une femme noire à la chevelure crépue particulièrement abondante. Ouf. Le magazine ne pourra pas être taxé de racisme.

Le raisonnement sexiste qui prévaut ici est simple : le thème est la beauté/la cosmétique, alors la cible est uniquement féminine. Et lorsque l’on parle de tri, de rangement, c’est à dire de travail domestique, là encore c’est aux femmes que l’on s’adresse. Résultat : mettons des images de femmes partout.

L’argument du constat qui permet la perpétuation des stéréotypes
L’argument dégainé par le magazine pour sa défense : « les cosmétiques sont davantage achetés par les femmes ». Ah le bon vieil argument du constat : « c’est comme ça ma bonne dame ». C’est vrai d’ailleurs : les femmes gagnent près de 20% de moins que les hommes (« c’est comme ça ma bonne dame »), les femmes sont beaucoup plus nombreuses à être victimes de violences sexuelles que les hommes (« c’est comme ça ma bonne dame »), 1 adolescente sur 5 en France est trop maigre (« c’est comme ça ma bonne dame »)… oui c’est sûr, c’est un bon argument. Il évite de s’interroger sur le pourquoi de la situation actuelle.

Des femmes cruches et superficielles
Les femmes présentées sont donc ici toutes souriantes et belles : c’est normal il est question d’être « belle au naturelle ». Et pour être certain de ne pas manquer le message, la couverture est rose.

Le contenu n’échappe pas à la règle de ce sans faute en termes de sexisme puisqu’il est question d’un « cahier de recettes » pour fabriquer de « jolis » savons « girly » pour « égayer » la salle de bain. Des savons vraiment « irrésistibles ». Les femmes étaient jusqu’ici cantonnées à la salle de bain, leur horizon s’ouvre avec la cuisine.

Les 60 millions de consommateurs rassembleront donc les bon ingrédients pour préparer un Taux de sexisme à 100% : salle de bain, cuisine, apparence, sourire, futilité, rose, champ lexical girly… bon appétit !

Les pistes d’amélioration :

• Varier les visuels de femmes et d’hommes
• Eviter de recycler des illustrations issues de banques images qui le sont tout autant si on ne cherche pas bien dans les fonds photographiques
• Ne pas utiliser un vocabulaire girly et infantilisant

Est-ce si compliqué à mettre en œuvre ?

Autres visuels :